[Ebénisterie Pierre Marry]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP03634 002
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 6 x 6 cm
description Adresse de prise de vue : Ebénisterie Pierre Marry, 3, rue Guynemer, Lyon 2e.
historique Traits travaillés par les années, mains usées par le bois, Pierre Marry est un artisan au sens noble du terme. Ebéniste. Dans son atelier proche du quartier d'Ainay, le temps semble s'être arrêté. Anachronique, un seul indice rappelle l'appartenance de l'hôte des lieux à cette fin de siècle. Une plaque en métal perdue au milieu des odeurs de vernis et des rabots. Dessus, une inscription brouille les cartes. Nucléart : "Consolidation d'objets d'art altérés (bois ou pierre) par l'imprégnation d'une matière plastique liquide durcie par rayonnement gamma". L'homme des bois au pays des robots. "C'était en 1973, trois savants avaient mis une annonce dans une revue d'art, explique Pierre Marry. Louis de Nadillac, Régis Ramière de Fortanier et Christian d'Anglemont de Tassigny, tous trois appartenant au Centre d'études nucléaires de Grenoble, avaient pour dessein de promouvoir un traitement du bois en collaboration avec des artisans". Une seule réponse leur parvient, celle de Joannès Marry, le père. Pierre Marry, le fils, rallie l'entreprise. Scientifiques et ébénistes vont échanger leurs savoir-faire. "A notre grand étonnement, nous avons constaté que les limites physiques du bois peuvent être repoussées au-delà du vraisemblable. Des meubles anciens retrouvent comme par enchantement une nouvelle jeunesse. Mieux encore, ils se révèlent plus solides qu'à l'époque de leur fabrication". Le traitement de consolidation se déroule en deux étapes. L'objet, sculpture, statue ou élément de meuble à consolider, est introduit dans une cuve cylindrique où, après avoir été soumis à un vide partiel, il est immergé dans une résine liquide que l'on fait pénétrer au coeur du matériau. Ensuite, la statue polychrome de Saint-Roch (XVIIIe) ou l'élément de bergère Louis XV est disposé dans une casemate d'irradiation. Il reçoit alors le rayon gamma, émis par une source de cobalt 60. Ce rayonnement, de même nature que les rayons X, provoque le durcissement de la résine. Il n'engendre aucune radioactivité au sein de l'objet. Le désir d'immortalité est exaucé. "Beaucoup de gens aiment garder un patrimoine. Tous ont le désir de voir celui-ci leur survivre, confie l'artisan. Mais il y a le temps qui passe. Le bois se dégrade, attaqué par des larves d'insectes xylophages. Le Nucléart permet de pouvoir réagir à ce caprice de vouloir conserver une pièce qui pourrait être refaite en copie conforme. L'homme collectionne et veut garder les pièces les plus anciennes possibles. Ils veulent, on veut tous, entrer dans l'histoire de l'art. Ils savent qu'ils vont être rappelés à Dieu, mais que l'on parlera encore de leur collection." Le travail de Pierre Marry consiste à préparer, nettoyer, démonter l'objet, avant que celui-ci ne soit envoyé à Grenoble. "A Lyon, nous sommes cinq ou six à avoir adopté le procédé du Nucléart. Je n'impose pas ce procédé. J'ai surtout un rôle d'informateur. Une pièce peut être refaite sans le rayon gamma. Des gens viennent dans mon atelier pour instaurer une mini-causerie autour d'une passion, de l'artisanat. Avant tout, on conseille le client. Après cela, tout est possible." Le procédé Nucléart est utilisé essentiellement comme méthode de sauvetage des bois les plus dégradés. Elle n'est pas appliquée actuellement à la consolidation des bois sains. "Et puis, si le bois se dégrade, c'est pour que l'homme soit poussé à faire et refaire des oeuvres d'art. L'art est nécessaire. L'art résistera au temps...". Source : "Le Nucléart du bois" / David Chapelle in Lyon Figaro, 22 mars 1991, p.52.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 8 négatifs.
note bibliographique "Pierre Marry veut sauvegarder les Métiers d'art" / A.M. [André Mure] in Le Journal Rhône-Alpes, 1er février 1982. - "Pierre Marry : un artisan heureux" / G. Schreier in Le Progrès de Lyon, 23 mars 1983.

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